L’hélichryse italienne, la précieuse plante que nous cultivons, a été à la fois une source de fierté et un défi considérable pour nous. Il y a quelques années, la France continentale ne produisait pas cette plante, ce qui a créé une véritable ruée vers la Corse pour en réserver des quantités. Les prix ont grimpé en flèche, et il était quasiment impossible de trouver des quantités suffisantes.
Les premières plantations que nous avons lancées, aussi bien dans le Gers que dans le Lot et Garonne, étaient de la variété dite « drômoise « , proposée par les premiers pépiniéristes de l’époque. Cette variété s’est révélée résistante et bien adaptée à notre territoire. En deux ans, nous avons pu en extraire de l’huile essentielle avec des rendements satisfaisants, mais la composition chimique était décevante. L’acétate de néryle, que nous espérions entre 35 et 45%, n’était présent qu’à 3% maximum.
Des grandes entreprises nous ont fait planter 12 hectares de cette variété, mais leurs contrats n’ont jamais été honorés. En même temps, de l’hélichryse des Balkans (similaire à la variété drômoise) arrivait sur le marché à des prix bien plus bas que les nôtres. Nous avons dû arracher ces 12 hectares de plantes, subissant des pertes considérables.
Par la suite, nous avons réussi à trouver deux variétés d’hélichryse de Corse, que nous avons plantées en petite quantité et multipliées pour mener une expérience de distillation sur 1000 pieds. Cependant, la chimie nous a révélé la présence d’une cétone cancérigène/mutagène à 15%. Cette plante, qui était pourtant couronnée de succès en Corse, s’était comportée différemment sur notre territoire.
Lors de la deuxième distillation, les résultats sont restés inchangés. Cependant, la troisième année, alors que nous nous apprêtions à arracher ces plantes, une distillation de test a révélé que la composition chimique était revenue à la normale. Cette plante a donc manifesté un caractère bien trempé, mais nous avons réussi à l’adapter à notre territoire.
En parallèle de ces essais, nous avons planté une autre variété disponible chez les pépiniéristes depuis 2018. Cette variété nous offre une composition chimique parfaite, mais elle semble plus fragile, avec une certaine mortalité constatée chaque année sur nos parcelles argilo-calcaires.
Les prix de l’hélichryse italienne bio sur le marché ont connu une baisse sensible, mais nous constatons l’arrivée massive d’hélichryses des Balkans à des prix cassés depuis quelques années. Ces variétés, bien que non chémotypées (acétate de néryle à 6% maximum), sont curieusement devenues chémotypées et sont proposées à moitié prix par rapport aux producteurs français.
Chaque producteur d’hélichryse peut attester du coût de production pour une telle culture. Les prix pratiqués sur le marché aujourd’hui sont tout simplement impossibles à soutenir. Peut-être devrions-nous envisager d’autres sources de production…
Découvrez les vertus et son utilisation dans l’article à découvrir ICI