Étant producteurs / distillateurs nous vivons et travaillons avec la plante. Il apparaît comme évident pour nous de vous parler de son environnement, de son caractère, sa résonance, sa force, sa faiblesse, en d’autres termes de son identité. Nous sommes persuadés que l’aromathérapie ne doit pas être réduite à la seule lecture biochimique de l’huile essentielle. Il y a autre chose, nous le constatons.
Notre objectif est de vous faire découvrir l’aromathérapie en parlant de l’origine : la plante, son biotope, les gens qui la travaillent, les outils d’extraction… tous ces points qui en font un trésor qu’on retrouve en flacon.
Aujourd’hui nous souhaitons parler du Giroflier que nous cultivons dans l’Est de Madagascar, à Mahanoro.
Nos pépinières ont été transplantées sur zone il y a 7 ans, et sont aujourd’hui en début de production. Les arbres seront adultes et en pleine production à leurs 20 ans. La croissance se fait sous couvert végétal ou sous ombrière. Sans protection, le soleil brulerait les feuilles. La pluviométrie régulière et les températures douces toute l’année dans cette zone conviennent très bien à cet arbre que l’on retrouve à l’état sauvage un peu partout.
La floraison a lieu une seule fois par an, en septembre / octobre. Cet arbre capricieux ne fleurit pas chaque année. En effet, les conditions climatiques influent énormément sur les rendements. Cette culture est très incertaine et il nous est arrivé d’avoir seulement 1/3 de la parcelle en fleur.
La récolte est très fastidieuse, elle se fait en prélevant un à un chaque bouton naissant de fleur. Nous ne ramassons que les boutons à maturité, c’est-à-dire lorsqu’ils atteignent une couleur rougeâtre. Le bouton passe par plusieurs couleurs lors de sa croissance, du vert au jaune puis au rouge. La récolte est ensuite étalée sur des nattes au soleil. En séchant les boutons deviendront plus bruns et durs. Ce sont les Clous de Girofles.
À cette saison, tous les villages se situant dans l’Est de Madagascar sont couverts de tapis de clous de Girofle entreposés au soleil. Le parfum puissant et caractéristique des clous embaume toute cette zone sur des dizaines de kms. Nous récoltons entre 6 et 12 Kg de clous de Girofle par arbre, ce qui fait entre 1 et 2 tonnes par hectares plantés. La distillation se fait sur 36 heures, en continu. Nous allumons le feu au petit matin pour finir en milieu de journée le lendemain, épuisés. Chaque Kilo que nous produisons est synonyme d’une nuit blanche dans notre distillerie. L’odeur puissante qui se dégage tout au long du process nous maintient éveillée. Les rendements sont généreux, nous récoltons entre 7 et 10% d’huile essentielle dans les clous de Girofle. L’huile est plus lourde que l’eau, nous la récupérons au fond de nos fûts remplis d’eau florale.
Pour cette huile essentielle, des tarifs à prix cassés sont pratiqués sur le marché, ce qui ne peut pas correspondre à un travail d’artisan, comme ce que nous nous évertuons de faire. La simple fait d’industrialiser ce process avec des moyens plus modernes ne peut à lui tout seul expliquer de tels écarts de prix. Il est évident que certaines huiles essentielles ne peuvent plus provenir du naturel. Nous tenons à mettre en garde ceux qui restent sensibles à l’authenticité, au Naturel et à l’équitabilité. Le Girofle est un très bon exemple pour comprendre que l’huile essentielle porte toutes les valeurs du travail minutieux de dizaines de personnes réunies pour sélectionner, trier, sécher et distiller les boutons de cet arbre afin d’en tirer le meilleur : l’huile essentielle si précieuse.
L’industrie, avec comme objectif le profit, ne pourra rien imiter ou améliorer face à ce que les hommes font avec conscience et passion.
Découvrez les vertus du clou de Girofle et son utilisation ICI